AU BOUT DE L’AVENTURE

Dangereuse, la roche acérée s’élève vers le ciel et, devant elle le vide, rien que le vide...
Il en faudrait si peu pour qu’elle bascule dans le néant, pour qu’elle mette fin à son destin!...
Depuis la plate-forme où elle a posé les pieds, que voit-elle? A quoi pense-t-elle?... Pour une fraction de seconde d’inattention, elle peut aller s’écraser en contre-bas comme un oiseau plombé auquel il ne reste aucune chance de survie...
Est-elle si désespérée? L’aventure de sa vie lui insuffle-t-elle une telle envie d’en finir? Mais non, sans doute admire-t-elle ce panorama vertigineux et c’est sans le savoir qu’elle paraît sur l’image...
Méfie-toi quand même mon inconnue. Tu sembles bien fragile sur ce promontoire, n’en doute pas, le vide attire!
Allez, reviens en arrière, vers une contrée plus rassurante, dans un contexte plus humain... C’est beau la montagne mais ne la laisse pas décider pour toi, ne t’engouffres pas dans ses mirages... N’écoute pas ses promesses de dépassement de soi... Rappelle-toi qu’elle est très habile pour te faire miroiter monts et merveilles... mais qu’au moindre faux pas elle aura toujours le dernier mot!
Annick

 

Slam du Sud

JE PARLE d'un filet d'eau qui coule doucement aux portes du désert, comme par
surprise.
IL DIT que la paroi est abrupte mais par endroits ouverte sur des vires confortables
et un chemin vers le ciel.
JE PARLE d'une falaise feuilletée comme un mille-feuilles.
IL DIT les chutes de pierres sont à prévoir.
IL PLAISANTE, peut-être recevrez-vous sur la tête une gravure rupeste
préhistorique qui fera histoire auprès de vos amis.
JE PARLE de mon enthousiasme.
IL DIT la route sera longue, le sommet se mérite.
JE PARLE de mon étonnement, et le chemin vers le ciel, où est-il ?
IL DIT la sente muletière descend d'abord dans les gorges pour remonter à flanc de
falaises pendant des heures.
JE PARLE de mes doutes : le mulet ? Dois-je vraiment grimper sur cet animal ?
IL DIT oui, il est têtu mais doux, attentionné, il fera en sorte que vous ne tombiez
pas de la selle.
JE PARLE du départ.
IL DIT, et bien, allons-y !

Virginie

L'éolienne

Ecarlate, La nuit est d’une beauté satanique
Les flammes lèchent l’édifice
Plus aucun souffle
Pour faire vibrer l’éolienne
Les pales désœuvrées
s’affaissent
Le cri de ce puits abandonné
Déchire le ciel
Va t-il disparaître
Sous l’assaut
du brasier incandescent ?
Le ciel volcanique irradie
Des coulées d’or en fusion
Dessinent la carte d’une mer ambrée
Les arbres résistent vaillamment
Ils confient leur sacrifice
A la terre nourricière
Espérant semer les graines du renouveau
Leurs silhouettes se consument
L’incendie brûle le sol, le ciel, l’air
Détruit toute vie aérienne
Mais, sous la terre,
La survie s’organise.
Sanguinaire, la nuit est d’une beauté flamboyante.

Simone Delorme

L'Éolienne..

Les feux proposent leur dernier apport de chaleur, de couleurs , leur ultime rendez-vous de lumière, narguant l'obscurité avide, tapie dans des bouquets d'arbres épars.

Dans un sursaut d'élégance, un squelette de métal aux pales inertes avoue sa soumission à l'inévitable force destructrice de l'usure.
Il s'abandonne au ravage du temps dans la conviction de 1'accomplissement, du labeur consenti et achevé.

Sculpture fantomatique dans l'écrin souverain d'une nature à l'enveloppement maternel.

Anne

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